L’image ne sait pas nier. Paraît-il

Paris IV-Sorbonne & IUF
Université Paris IV

Salle : D 035
Maison de la Recherche
28 rue Serpente
Paris

12 Janvier 2011, 13h30-16h30
Séminaire Intersémiotique de Paris 2010-2011
La négation, le négatif, la négativité

Programme du premier semestre
12 JANVIER 2011
Paolo Fabbri
L’image ne sait pas nier. Paraît-il

Le projet du séminaire cette année est d’examiner les manières dont le sens se construit négativement, en se pluralisant selon les perspectives les plus diverses qui manifestent le « non », le « rien », l’« absence », le « contre », le « manque », et leur assignent une place.
Notons en premier lieu la négation au sens logique, qu’exprime le principe de non contradiction par lequel Aristote tenta de réfuter la conception sophistique de la parole. La négation a aussi un sens dialectique, celui d’un passage, d’une force qui nous demande, selon la formulation hégélienne, de « séjourner auprès du négatif ». La négation est ici la source et le moteur de la progression.
Assez proche de la dialectique, la narrativité illustre la négation sous la figure proppienne du départ du héros. Il se reconnaît d’abord par cet acte de détachement qui lui fait quitter son lieu d’origine, acte souvent contraint (le mandement mais aussi l’exil). Le manque, autre forme du négatif, constitue le moteur du récit. Mais il existe également une négation de type pragmatique, une négation adversative qui consiste à parler « contre » et qui est présente dans toutes les sémiotiques. L’image par exemple, qui ne semble pas posséder de symbole de négation, peut pourtant l’exprimer avec force.
La négation s’insinue dans l’existence. Certaines choses semblent n’exister que négativement, comme l’ombre, le froid, la mort. D’autres, comme Dieu selon la théologie négative, ne peuvent se dire que selon des prédicats négatifs. Le rien, le non être, qui paraissent devoir être simples à définir, ont pourtant de multiples formes. Ainsi Kant distingue-t-il quatre catégories du rien.
Tous les domaines de l’expérience ont leur propre usage du négatif, point sur lequel il serait vain de vouloir être exhaustif. Indiquons cependant quelques directions. On le rencontre en esthétique (les formes innombrables de la laideur). La passion qui est source d’attraction, a son correspondant négatif : l’aversion, le dégoût, le rejet, etc. L’éthique bien sûr nous offre le vaste domaine du mal, et le cognitif tous les abîmes de l’ignorance. Il y a des êtres négatifs comme les trous, les lacunes, les manques, les absents qui ont cependant une curieuse positivité.
Il serait d’ailleurs faux de croire que la négation s’oppose simplement à l’affirmation. La dénégation en est un exemple assez complexe. Mais plus généralement, les termes du langage censés exprimer la négation disent souvent bien autre chose.
Ce sont là quelques unes des directions que le séminaire intersémiotique se propose d’explorer cette année, dans une « traversée du négatif » qui nous permettra d’interroger le statut sémiotique de ce phénomène cardinal de signification, au regard des structures élémentaires, de la générativité, de la tensivité, des instances énonçantes et des pratiques discursives.

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